Le sacrifice de la plus pure Branche 

Mirza Mihdi vécut sa tendre enfance dans le berceau de l'adversité pendant les jours d'angoisse et de détresse de sa famille. Son existence fut ensuite empreinte par la séparation et les calamités. De nature délicate, son seul refuge était les bras de sa mère ou ceux de sa soeur affectueuse. Mais la Providence l'en priva également. Durant sept ans, il vivra séparé de ses parents bien-aimés.

A Baghdad, il est subjugué par les forces de la révélation divine et décide de se dévouer entièrement au service de la Cause de Dieu. Il accompagne Baha'u'llah de Baghdad à Akka et partage ses souffrances. Tout au long de sa courte vie pleine d'événements, il affronte les douleurs et les afflictions avec sa douceur naturelle et ses qualités spirituelles très élevées. Il est heureux auprès de son Seigneur en exil et à l'intérieur des murs de prison. Les croyants admirent son humilité, son effacement et sa piété, ils l'aiment et le vénèrent. Dans la caserne, il est souvent en présence de son père bien-aimé tard dans l'après-midi pour lui servir de secrétaire. Ensuite, il monte sur le toit de la caserne (le seul endroit où les prisonniers étaient libres d'aller) pour prier et méditer.

Le soir du 22 juin 1870, il monte comme d'habitude sur le toit de la caserne en arpentant cet espace familier. Mais ce soir fatidique, absorbé dans ses prières, transporté par ses méditations, il tombe à travers une ouverture non protégée sur un cageot en bois posé au sol. D'après le cuisiner de la maison Husayn-i-Ashchi, un grand bruit alerte les exilés. Ils courent tous vers le lieu de la tragédie et découvrent avec horreur la plus Pure Branche grièvement blessée et saignant abondamment. ‘Asiyih Khanum, frêle et effrayée se précipite auprès de son fils. Lorsqu'elle le trouve baignant dans son sang, elle pousse un gémissement de douleur et perd connaissance. Malgré sa faiblesse et sa douleur virulente, son fils adoré tend les mains et prend sa mère entre ses bras. La Beauté Bénie sort de sa cellule et demande ce qui avait causé sa chute. Mirza Mihdi répond qu'il connaissait l'emplacement de cette ouverture et l'évitait mais que, cette fois, il l'a complètement oubliée.

Le jeune homme est transporté dans une cellule. Un médecin italien est appelé pour le soigner mais il ne peut rien faire. Le même témoin rapporte que la plus pure Branche, malgré ses douleurs et son affaiblissement, accueillait chaleureusement les exilés qui venaient à son chevet.

Les membres de la sainte famille, angoissés et extrêmement chagrinés, se rassemblent autour de lui. 'Abdu'l-Baha, larmes aux yeux intercède auprès de Baha'u'llah et se prosternant à ses pieds le supplie de guérir son frère. Baha'u'llah lui conseille de confier son frère à la volonté et au bon plaisir de Dieu. Puis, il vient au chevet de son fils soupirant et reste seul avec lui pendant un certain temps. Puis, il vient au chevet de son fils soupirant et reste seul avec lui pendant un certain temps. Personne ne connaît les détails sur ce qui se passe durant ce précieux tête-à-tête entre le père et son fils bien-aimé. Baha'u'llah lui demande s'il désire vivre, en l’assurant que si tel était son souhait, Dieu lui permettrait de guérir et de recouvrer la santé. Mais, la plus pure Branche supplie la Beauté Bénie d'accepter sa vie comme rançon, pour l'ouverture des portes de la prison aux croyants qui viennent de loin afin d’accéder en sa présence. Baha'u'llah accepte son sacrifice et Mirza Mihdi décède le 23 juin 1870 vingt-deux heures après sa chute, à l’âge de 22 ans.

Les rares récits laissés à la postérité ne relatent pas en détail les effets dévastateurs de la mort tragique de Mirza Mihdi sur sa mère. Une mère accablée par le décès tragique de son fils adoré, doit sans doute pleurer sans cesse cette perte cruelle. Dans les moments d'épreuves, ‘Asiyih Khanum a toujours son regard fixé sur son Seigneur. Baha'u'llah lui demande d'être patiente dans ce deuil qui représente le sacrifice volontaire de son fils, afin que les croyants puissent rencontrer l'objet de leur désir et que le genre humain soit revivifié. ‘Asiyih Khanum implore son Seigneur d'accepter le sacrifice de son enfant. Baha’u’llah lui assure que Dieu approuve son sacrifice. La sainte Navvab est réconfortée et cesse de pleurer. Elle se prosterne, et déclare que le bon plaisir de son Seigneur est le voeu de son coeur.

‘Asiyih Khanum est consciente du rang de son fils "qui avait été créé de la lumière de Baha" et de la portée de son martyre pour l'unification de la race humaine. Elle accepte volontairement le tourment de cette séparation pour le bien-être de l'humanité. Elle sait que la Cause de Dieu s'épanouit à travers les tribulations subies pour l'amour de Dieu. Le grand sacrifice de son fils doit maintenant apaiser la situation et permettre aux amoureux d'atteindre la présence de leur bien-aimé.

Pendant que le corps béni de son fils est lavé dans la cour des baraques, ‘Asiyih Khanum reste dans la cellule à l'étage supérieur où la famille pleure et les exilés se lamentent de la perte de ce fils précieux et chèrement aimé. Aucun membre de la famille n'est autorisé à accompagner le cercueil de la plus pure Branche au cimetière. Ils sont prisonniers et n’ont pas le droit de quitter la caserne. Durant ces heures d'épreuves dans l'enceinte de la prison, ‘Asiyih Khanum supporte avec magnanimité la douleur du deuil de son jeune et beau garçon.

Afin d’éviter de donner le corps béni aux gardes de la prison, l'un des exilés sollicite la faveur de le laver. 'Abdu'l-Baha accepte sa requête. Le cuisinier Husayn-i-Ashchi rapporte ainsi :
"Une tente fut dressée au milieu de la caserne. Nous plaçâmes son corps béni sur une table au centre de la tente, et le Shaykh Mahmud commença [avec un autre ami] la tâche de le laver. Les aimés de Dieu se lamentaient et gémissaient et comme des papillons tournaient autour de cette chandelle [Mirza Mihdi] que les mains de Dieu avaient allumé... Le Maître arpentait la cour de la caserne en dehors de la tente. Son visage trahissait les signes d'un profond chagrin.
Le corps lavé et entouré du linceul, fut mis dans un cercueil neuf. A cet instant, les cris de douleur et de lamentation montaient aux cieux. Le cercueil fut porté haut sur les épaules des hommes avec majesté et sérénité au dehors de la caserne. Il fut inhumé au cimetière de Nabi Salih, à l'extérieur d'Akka… Lors du retour à la caserne un tremblement de terre secoua la région et nous avons tous compris que c'était l'effet de l'enterrement de cet être saint."(21)

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